Sécurité routière, les candidats s’engagent peu en dehors d’Eva Joly
Plus de 17 000 personnes ont été tuées sur les routes en 1972. Depuis, ce nombre a été divisé par quatre alors que la circulation a été multipliée par trois. Malgré les progrès obtenus depuis 1973, l’accident de la route demeure la première cause évitable de mort des jeunes adultes et par accident du travail. Les derniers succès de sécurité routière datent de la législature 2002/2007. L’objectif 3 000 tués en 2012 est devenu inaccessible. C’est dans ce contexte que 9 personnalités ont interrogé les candidats à l’élection présidentielle leur demandant de se positionner sur les mesures considérées comme cruciales en sécurité routière :
- Réduirez-vous de 10 km/h, la vitesse maximale autorisée sur tous les réseaux routiers hors agglomération et de 20 km/h sur les voies de moins de 5 mètres de largeur ?
- Interdirez-vous toutes les formes de téléphonie en conduisant ? L’usage des avertisseurs de radars en introduisant ces interdictions dans la partie législative du code de la route ?
- Assurerez-vous avant la fin 2013 l’usage du LAVIA sous ses deux formes, permanente ou temporaire, dans le cadre d’une démarche volontaire des usagers, ou en tant que peine complémentaire après des récidives d’excès de vitesse ?
- Ferez-vous
adopter des dispositions législatives et réglementaires instaurant une
expertise périodique de la totalité des infrastructures routières par
des organismes indépendants des maîtres d’ouvrage et rendant obligatoire
le respect des règles de l’art définies dans des documents produits par
les services de l’État ?
Seule Eva Joly (et Nathalie Arthaud qui est « hors concours » car elle exprime un accord global à nos propositions) est favorable à la réduction de 10 km/h des vitesses maximales hors agglomération. Nous avons acheté pour 72 milliards d’euros de combustibles fossiles l’année dernière, notre balance des paiements se déséquilibre de façon dramatique et les candidats s’affrontent sur le permis de conduire ! Il faut réduire la vitesse des voitures pour réduire le risque d’accident, la production de dioxyde de carbone et notre facture pétrolière.
Notre proposition concernant la mise en œuvre des assistances électroniques utiles (LAVIA, boîtes noires) et l’interdiction des nuisibles (toutes formes de téléphonie et usage d’avertisseurs de radars) a provoqué des réponses « moyennes », à la fois par leur manque de précision et leur déficit d’adéquation. Ce sont Eva Joly et François Hollande qui expriment le meilleur soutien aux mesures proposées. Nicolas Sarkozy s’est prononcé fin novembre 2011 pour le développement du LAVIA, mais son « je n’exclus pas un déploiement plus contraignant ensuite, éventuellement comme peine complémentaire après la récidive d’excès de vitesse. » est bien mou. Ne pas vouloir interdire la téléphonie « mains libres » parce que le contrôle est difficile est un mauvais argument, fixer une règle est une indication pour les usagers et il est possible en cas d’accident grave de vérifier l’usage du téléphone au moment de l’accident auprès des opérateurs. Prétendre que l’accord entre le ministère de l’intérieur et les fournisseurs « d’avertisseurs de zones dangereuses » a empêché les utilisateurs de ces dispositifs de signaler les radars est une contre vérité reconnue. En outre la notion de zone dangereuse est une notion périmée en accidentologie. Les « points noirs » sont maintenant en nombre réduit, et les accidents surviennent n’importe où sur les routes. Il est indispensable de faire respecter les limitations de vitesse sur l’ensemble du réseau.
Notre proposition de création d’une expertise obligatoire des
infrastructures routières est bien acceptée. Elle a l’avantage de ne pas
contrarier les usagers. Ce sont les pouvoirs publics qui se sont
constamment opposés à cette mesure déjà recommandée dans le Livre blanc
de la sécurité routière de 1990. Il n’y a que Nicolas Sarkozy qui la
refuse. Son argumentaire est d’une mauvaise foi étonnante. Ecrire que
« Les investissements réalisés s'appuient sur les préconisations
formulées par le CERTU et le SETRA » et qu’il « n’est pas opportun de
demander à nos concitoyens de financer la création de nouveaux
opérateurs » est une affirmation qui est contredite par l’ensemble des
documents que nous avons produit pour justifier cette mesure. Les
opérateurs locaux réalisent des infrastructures non conformes aux
préconisations du Centre d’études sur les réseaux, les transports,
l’urbanisme et les constructions publiques (CERTU) et du Service
d’études sur les transports, les routes et leurs aménagements (SETRA).
Dans le cadre de la réorganisation des centres d’études techniques de
l’équipement (CETE), du CERTU et du SETRA, il est possible d’exploiter
le savoir-faire disponible pour développer une expertise indépendante
des acteurs départementaux et communaux. Quand un bâtiment est
construit, une expertise constate le respect des normes. Quand une
commune met en place un plateau surélevé sur une rue, personne ne
vérifie que les bonnes pratiques définies par le CERTU sont respectées.
Conclusions
Comme pour l’ensemble de nos questions, ce sont paradoxalement les deux
candidats qui agitent constamment les problèmes de sécurité qui
s’engagent le moins à soutenir nos propositions (Marine Le Pen qui n’a
pas répondu aux questions sur la sécurité routière et Nicolas Sarkozy).
Eva Joly obtient le meilleur score.
contact presse : Claude Got
gotclaude@wanadoo.fr
Les réponses des candidats sont consultables sur www.securite-sanitaire.org
François BOURDILLON, Gérard DUBOIS, Irène FRACHON, Claude GOT, François
GREMY, Catherine HILL, Albert HIRSCH, Chantal PERRICHON, Maurice TUBIANA