Les années quatre-vingts ont été marquées par l'émergence des problèmes
de sécurité sanitaire dans le champ des priorités sociales, politiques et
médiatiques. La prise de conscience de la gravité croissante des conséquences du
tabagisme et la persistance d'un niveau élevé de risques liés à l'alcool et aux
accidents de la route ont incité un groupe de cinq médecins à déplacer dans le
domaine du débat public les actions qu'ils développaient jusqu'alors
principalement dans des institutions spécialisées ou directement auprès des
politiques. Nous étions persuadés que les décideurs étaient en retard par
rapport à l'évolution de la société qui est d'autant plus exigeante en matière
de sécurité sanitaire qu'elle vit dans un environnement dans l'ensemble très
sur. Les actions de prévention apparaissaient très insuffisantes par rapport au
développement des activités de soins et nous souhaitions obtenir des décideurs
une prévention à la hauteur des enjeux de sécurité sanitaire en cause en
profitant de l'élection présidentielle pour médiatiser ces problèmes et donc de
développer le débat public offerte par l'élection présidentielle.
Nos activités professionnelles étaient complémentaires, nos intentions précises, nous agissions dans un cadre totalement informel qui nous donnait une liberté totale (pas de déclaration d'association, pas de frais de gestion, pas de formalisme, pas de chef !) et nous avions déjà fait nos classes dans l'obtention de décisions politiques dans le domaine qui nous intéressait : la prévention des risques majeurs pour la santé.
Maurice Tubiana s'était notamment investi dans la réduction du risque lié au tabagisme, notamment au moment ou la première législation française avait été adoptée à l'initiative de Simone Veil en 1976 pour réduire la promotion publicitaire de la première cause de mort évitable dans notre pays.
Gérard Dubois et Claude Got (le rédacteur de ce site) s'étaient connus au Haut-Comité d'Etudes et d'Informations sur l'alcoolisme et avaient agi ensemble publiquement, aux côtés de l'Association Nationale de Prévention de l'Alcoolisme, pour susciter le vote de l'amendement Barrot de 1986 interdisant la publicité pour l'alcool à la télévision. Claude Got avait collaboré avec les organismes publics ayant en charge la sécurité routière à partir de 1972, notamment pour promouvoir le port de la ceinture de sécurité et les limitations de vitesse (décisions de l'été 1973).
Albert Hirsch agissait dans une discipline, la pneumologie, qui était confrontée à la double ascension dramatique des cancers bronchiques et des insuffisances respiratoires chroniques liés au tabac.
François Grémy avait l'immense mérite d'être un des pères de l'installation de la rigueur des chiffres dans un monde médical qui avait encore le travers de se pratiquer trop exclusivement comme un art de la relation entre les personnes, sans prendre suffisamment en compte l'importance de la méthode statistique.
Nous avons décidé de questionner les candidats à l'élection présidentielle de 1988 sur un nombre de thèmes limité, d'annoncer cette démarche dans une conférence de presse qui s'est tenue le 23 mars 1988 et de publier leurs réponses. Cette démarche est présentée sur cette partie du site. Les documents qui ont été retenus sont :
- le texte du document initial du 23 mars 1988 remis aux journalistes lors d'une conférence de presse.
- les réponses des trois "principaux" candidats à nos questions
- Jacques Chirac
- François Mitterrand (Réponse de son directeur de campagne Pierre Bérégovoy)
- Raymond Barre
- André Lajoinie
- Jean-Marie Le Pen
- un article paru dans "Le Monde" du 15 avril 1988 résumant les réponses des candidats
- un texte de Claude Got adressé au journal La Croix et publié le 28 février 1988
Ces documents originaux sont reproduits au format pdf image, notamment pour conserver les graphiques et la mise en page de l'époque qui était celle de la photocopie et non des documents numériques.