synthèse 2007

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Le débat de sécurité sanitaire doit provoquer l’engagement des candidats avant l’élection, pas après.

 Réduire la fracture sociale ou diviser par quatre en 2050 l’émission de CO2 sont des engagements dépourvus de sens. Nous avons appris à proposer un calendrier de décisions de sécurité sanitaire argumentées et sans contrainte financière. Les 16 engagements pour lesquels nous avons sollicité les candidats ne sont pas des positions de principe que tout un chacun peut s’empresser de signer. Ils portent sur les épidémies industrielles qui sont les premières causes évitables de décès. Réduire cette forme de malheur humain implique, au-delà des choix individuels,  des actes politiques assurant le contrôle de certains risques étroitement liés à des intérêts financiers.

 Les réponses des candidats sont reproduites sur le site www.securite-sanitaire.org. Plusieurs d’entre eux ne s’intéressent pas à la sécurité sanitaire ou sont trop mal organisés pour répondre à nos demandes. Pour les électeurs c’est également un signe.

 Différencier les trois candidats dont l’un sera élu au second tour exige d’évaluer la précision de leurs réponses, puis leur adéquation à nos propositions. Le bilan de la précision est sans ambiguïté, Voynet obtient 42 points sur un maximum de 48, Sarkozy 32, Bayrou 31 et Royal 24.

Royal et Bayrou sont d’accord pour appliquer intégralement le décret assurant la protection des non-fumeurs. Sarkozy persiste dans son idée inapplicable « d’apporter une solution spécifique pour le cas particulier des cafés ou des bureaux de tabac qui constituent le dernier lieu de convivialité d’une commune rurale».

Sur la publicité pour l’alcool, Royal est la plus courageuse en s’exprimant en faveur du retour à la forme initiale de la loi Evin qui interdisait la publicité s’imposant aux enfants et aux adolescents, ses deux concurrents sont pour le maintien du statu quo.

Le refus des mesures indispensables sur l’obésité montre l’étendue du chemin à parcourir. Nous nous trouvons dans ce domaine dans la situation où en était la lutte contre le tabac en 1975 : même incompréhension des hommes politiques devant une menace de première grandeur, même incapacité à définir une stratégie à la hauteur du problème. Ainsi aucun des trois candidats n’est prêt à interdire la promotion des aliments industriels par l’image télévisée alors que c’est une mesure urgente. Imaginer que l’on va protéger spécifiquement les enfants et les adolescents en maintenant la séduction par l’image est une illusion. Comme pour la promotion de l’alcool, la télévision, le cinéma et l’affichage doivent être exclus de ce domaine car le pouvoir de conditionnement psychologique par des images séduisantes qui font saliver neutralisera toujours l’information et l’éducation. Un enfant ne devient pas obèse par un libre choix, mais parce qu’il est atteint par une épidémie industrielle dramatique avec sa production de masse par des groupes disposant de moyens sans commune mesure avec ceux de la prévention. Si Bayrou et Sarkozy acceptent l’idée d’une protection des enfants dans tous les établissements scolaires par une pesée annuelle permettant à la fois de rendre service aux enfants en surpoids et d’identifier les insuffisances locales en terrains de sport ou la gestion incompétente des cantines, l’idée n’est pas retenue par Royal. Il faut des engagements concrets allant du contrôle de la publicité à un étiquetage informatif pour marquer le début d’un tel combat, pas des déclarations générales.

L‘absence d’initiative est encore plus flagrante dans le domaine de l’environnement. L’épisode Hulot a montré l’aptitude du système à étouffer une urgence sous un consensus dépourvu de sens. Les politiques refusent de s’engager sur des mesures concrètes mises en œuvre rapidement. Aucun candidat ne retient la limitation de la vitesse de tous les véhicules à la construction, ni la création d’un bonus/malus fondé sur la consommation en ville. Royal escamote ces questions, seul Sarkozy indique vouloir poser la première au niveau européen, sans s’engager à le faire avec la méthode contraignante que nous proposons. La maison brûle et les politiques continuent de regarder ailleurs. Leur inaction apparaîtra dans le futur comme une démission honteuse associant l’égoïsme d’une société incapable de penser aux générations à venir à la soumission aux industriels qui savent faire des véhicules réduisant le gaspillage et la croissance de l’effet de serre mais développent des modèles qui sont la négation de ces objectifs. Le statu quo nous conduit au désastre.

Les réponses les plus surprenantes concernent notre proposition de traiter des problèmes de sécurité sanitaire par le referendum d’initiative populaire. Royal ne répond pas, Bayrou est favorable et Sarkozy soutient un dispositif intermédiaire acceptant le référendum contraignant le Parlement à étudier une loi (mais sans garantie de résultat !) et le référendum « abrogatif ».

Sur l’adéquation des réponses à nos propositions, Voynet obtient 37 points, Bayrou 28, Sarkozy 25 et Royal 22. Le second tour est encore éloigné et la campagne manque de débats concrets. Toutes les précisions ou de nouvelles prises de position des candidats seront publiées sur www.securite-sanitaire.org. C’est en consultant ce site que chaque citoyen pourra faire un choix argumenté pour le premier tour. Tout sera fait pour qu’au second tour les électeurs et les candidats disposent d’un sondage sur la principale proposition de chacun de ces cinq thèmes (tabac, alcool, alimentation, sécurité routière, environnement). Le débat de sécurité sanitaire n’a de sens que s’il  provoque l’engagement des candidats avant l’élection, après il sera trop tard pour l’obtenir.

 Gérard Dubois, Claude Got, Albert Hirsch, François Grémy, Maurice Tubiana