Exploration des possibilités d'aménagement de l'avant d'une rame de métro pour assurer la survie des personnes tombées devant la rame, dans un but de suicide, accidentellement ou à la suite d'une tentative d'homicide.

Version n°2 (21.11.2000)

Auteur : Claude Got

 

Ce texte est un document exploratoire, en dehors de tout début de réalisation, il est destiné à développer une réflexion sur les possibilités d'action dans ce domaine.

 

Problème :

Les tentatives de suicide utilisant la rame de métro comme instrument sont fréquentes dans toutes les villes possédant un réseau souterrain traditionnel, sans protection structurelle, les chutes accidentelles sur la voie et les rares tentatives d'homicide posent des problèmes identiques.

Les conséquences de ces événements sont multiples :

-         mort ou blessures habituellement graves pour la personne concernée,

-         traumatisme psychologique pour le conducteur de la rame et les spectateurs,

-         retards importants dans l'acheminement des voyageurs.

 

Abords possibles du problème :

-         prévention primaire fondée sur la reconnaissance d'un comportement :

o       envisageable pour le suicide (observation des attitudes sur le quai) avec une efficacité qui ne peut être que partielle,

o       difficilement envisageable pour l'accident et l'homicide,

-         prévention primaire fondée sur l'impossibilité de chute volontaire, accidentelle ou provoquée devant la rame,

o       elle est réalisée pour les nouvelles lignes (métros automatisés avec des portières de quai correspondant aux portières des rames),

o       il serait onéreux de généraliser cette mesure aux stations anciennes mais c'est faisable.

-         prévention secondaire fondée sur la réduction des risques par un aménagement de l'avant de la rame de métro :

o       c'est la mesure envisagée dans ce document

o       plusieurs variantes sont envisageables, leurs avantages et leurs inconvénients seront analysés (installation statique ou dynamique et dans ce dernier cas mise en œuvre manuelle par le conducteur du train, ou automatisée ou mixte).

 

Analyse de ce que pourrait être la gestion d'un projet de réduction de ce type de risque :

-         analyser les solutions envisageables, leurs avantages et leurs inconvénients, leur coût,

-         définir un objectif en termes de tolérance humaine, de seuil lésionnel d'AIS acceptable suivant l'AIS ( abbreviated injury scale des accidentologistes), de mécanismes lésionnels évités (distinction entre les mécanismes d'écrasement et les mécanismes d'impact sans écrasement (définis en termes accélérométriques : accélération maximale acceptable par segment corporel, fenêtres d'accélération en fonction du temps etc.)

-         définir dans un premier temps un projet simple, n'exigeant pas d'investissement important, permettant la réalisation rapide d'un dispositif expérimental,

-         procéder à partir d'un texte de base (ce texte initial) qui sera soumis à des consultants et amélioré en fonction de leurs remarques, jusqu'à ce que la phase préliminaire soit considérée comme achevée ou le projet considéré comme trop improbablement productif de résultats pour être conduit plus avant,

-         la circulation du texte se fera pas messagerie informatique entre les membres d'un groupe défini dans la phase préliminaire.

 

Le projet de cahier des charges :

-         les contraintes de résultats :

o       je prends des risques en fixant comme seuil minimal moins de 10% d'AIS 5 ou 6 (décès de la personne tombée devant la rame)

o       moins de 25% d'AIS supérieur à 2

-         les contraintes de moyens (à débattre avec les partenaires) :

o       vitesse maximale de l'entrée de la rame dans la station (50 km/h est-il une base acceptable ? peut-on envisager moins, faut-il envisager plus ?),

o       coût moyen par rame,

o       acceptabilité esthétique (psychologique ? peut-on envisager des risques induits ?),

o       acceptabilité des réalisations statiques (contraintes de stationnement des rames limitant l'espace disponible à l'avant de la rame et productrices de risques de détérioration de l'équipement).

-         les hypothèses de "contournement" de la protection avant si celle ci peut être assurée :

o       se jeter entre les wagons à partir du quai, quelles sont les protections simples envisageables, est-ce un risque réel ?

o       se jeter sous les roues en arrière des roues avant de la motrice après être descendu sur la voie du côté opposé au quai le long duquel le train s'arrête. Quelles sont les protections envisageables, est-ce un risque réel ?

o       connaît-on des exemples d'usage de l'alimentation électrique de la rame comme instrument du suicide (en sachant qu'il a de nombreux avantages par rapport aux écrasements par la rame (possibilité de réanimation, pas d'interruption prolongée du trafic, traumatisme très différent pour les autres passagers).

 

La boîte à idées :

-         dans mon expérience, un tel projet doit, dans un premier temps, reposer sur l'inventaire des modalités possibles, de leurs contraintes, de leurs avantages et inconvénients et bien sur des expériences connues car il est évident que d'autres que nous ont déjà envisagé une telle procédure. Connaissons nous des réalisations expérimentales ? ont-elles donné lieu à des mesures accélérométriques, sont-elles publiées etc.

-         cela n'exclut pas de tenter de définir les bases d'une solution en fonction de notre expérience personnelle (c'est même souvent utile de le faire avant de se faire "influencer" par les pistes déjà explorées). J'indique dans la partie ci-dessous comment je conçois une telle démarche, elle consiste à appliquer l'expérience que l'on peut avoir d'une problématique (pour moi une trentaine d'années de recherches dans le domaine de la réduction des risques traumatiques dans la circulation routière) à un problème nouveau dont on a une vision partielle.

 

Hypothèses et solution explorée par Claude Got (je souhaite que des participants à la discussion aient une approche du même type et proposent à la fois "leur idée" et une critique des idées qui seront exprimées par les autres membres du groupe).

Le risque majeur est le risque d'écrasement (confère la référence du Jouranl of trauma cité dans la bibliographie de l'article de Brian Mishara), qui n'est pas seulement l'écrasement entre les roues de la rame et le rail mais également entre les structures basses et latérales de la rame et le sol (traverses) et la partie verticale du quai. Je ne néglige pas l'idée que l'impact sur l'avant de la rame (cabine, tampons, autres structures) puisse provoquer des traumatismes non appuyés si la personne se jette sur l'avant de la rame et ne tombe pas devant elle, il faut donc réfléchir au problème de l'agressivité de l'avant de la rame, en la dissociant du problème de l'écrasement qui est prioritaire (question : connaissons nous des études qui ont précisé la fraction de suicidants qui heurtent l'avant de la rame avant de passer sous l'avant ? une statistique descriptive fondée sur les autopsies ou sur l'inventaire des lésions observées par les services d'urgence ne peut documenter valablement ce fait, il faut une étude accidentologique avec l'avis du conducteur de la rame et la recherche de signes objectifs d'impact sur l'avant de la rame).

Si l'on veut éviter l'écrasement il faut éviter que le corps soit écarté de l'axe de la rame, ce qui provoquerait inévitablement son écrasement le long de la paroi verticale du quai. Tout dispositif convexe vers l'avant, du type avant des locomotives de la conquête de l'ouest avec leur écarte vache arrondi est donc à exclure. Il faut à l'opposé un dispositif plutôt concave vers l'avant qui ramène le corps dans l'axe de la rame au lieu de l'écarter. Le bord avant et latéral du dispositif doit donc raser le bord du quai, la partie basse doit raser le sol pour éviter tout engagement du corps entre les éléments de contrainte horizontaux (rails, traverses, ballast) et cette partie basse du dispositif.

Ces hypothèses de base me conduisent à envisager un dispositif que l'on peut schématiser par un demi-cercle ouvert vers l'avant et rasant le sol, raccordé à la face avant de la rame soit par un filet soit par un dispositif continu qui serait donc exactement l'inverse de la locomotive de la Western Pacific des BD de mon enfance. Plutôt cuiller pour ramasser que convexité pour écarter.

La proximité du quai et des rails sera bien entendu la contrainte difficile à traiter du dispositif. L'expérience du chasse neige est probablement intéressante à prendre en considération dans cette problématique en sachant que l'on n'a pas à gratter le sol mais à le raser. J'ai des idées de dessin pour cette "corne avant" du dispositif avec une pièce de polystyrène dur peu agressif qui longerait la partie basse du mur vertical du quai et la partie latérale de la voie le long du quai. Je la placerais à environ un mètre en avant de la rame et elle serait fixé sur un axe métallique rasant la voie et se projetant donc d'un mètre en avant de la rame le long du quai. L'avant de cet axe serait le point d'attache antérieur d'une sangle fixée sur l'avant de la rame un peu au dessus du niveau du quai qui soutiendrait un filet assurant l'amortissement soit en cas de choc direct, soit lors du "ramassage" du passager tombé sur la voie. Les caractéristiques physiques et la géométrie de ce filet éviteraient un choc secondaire sur la voie par projection du corps ainsi ramassé, il doit rester sur le filet et cet objectif doit être une exigence du cahier des charges.

Le dessin et les caractéristiques physiques du demi cercle qui rase la voie entre les deux extrémités des axes métalliques qui longent le quai et la partie opposée de la rame seront les éléments critiques du dispositif. Je ne pense pas qu'il soit difficile de les optimiser.

 

Le calendrier, la définition des partenaires possibles

-         à définir,